La Joconde se pavane sur la Riviera

À l’heure où le président de la République, arpente le Louvre tout en devisant sur la place qu’il entend y donner à la Joconde, voilà que je tombe nez au nez avec cette dernière, rencontrée dans la vitrine d’une rue américaine, lovée sur la pellicule de celle qui pourrait bien être, à sa façon singulière, une sorte de Léonard de Vinci de la photographie de rue. Vivian Maier, telle qu’en elle-même.
Une Joconde tout en bigoudis qui ressemble à une femme ordinaire, une femme, tout aussi, trompeusement ordinaire que Vivian Maier le fut elle-même.
L »on peut actuellement découvrir son œuvre sur les murs du Musée de la Photographie de Nice.
À me retrouver, à nouveau face à la somptueuse réalité matérielle de ses photos, je suis une fois de plus saisie par l’emprise visuelle que génère la perfection du cadre, c’est-à-dire du regard de Vivian Maier… de la profondeur contrastée, sans cesse changeante, de ses noirs et blancs. D’une photo l’autre, je suis happée, émerveillée par la prégnance de ses jeux d’ombres, tout comme de ses virtuosités chromatiques.
Et plus encore peut-être, au-delà de cette impressionnante perfection technique, ce qui bouleverse là, c’est l’humanité à hauteur d’œil que l’on découvre, éprouve, dans cette suite de clichés, parfois tendres, parfois moqueurs, parfois étonnés, toujours radicaux et sans concession.
Cela fut inlassablement dit et répété, cette femme est un mystère. Un mystère qu’un film et quelques biographies, même les plus abouties, ne sauraient résoudre. D’une certaine façon, cela est indifférent sur le plan artistique, car savoir pourquoi elle a pris ses 140 000 clichés, pourquoi elle ne les a jamais montrés, n’apporterait sans doute pas plus d’émotions, ni d’explications à cette œuvre dont la puissance singulière est justement qu’elle est tout aussi inexplicable que parfaitement aboutie.
Sur le plan humain, il restera pourtant cette question béante : pourquoi cette femme préféra -t- elle mourir dans un absolu dénuement, matériel tout autant qu’affectif, plutôt que d’avoir montré ses photos et tenté d’en tirer quelques bonheurs, quelques profits ?
Vivian Maier, une femme, une œuvre, au plus près la définition même de ce que pourrait être l’Art comme nécessité existentielle, l’Art pour vivre et non pas en vivre. Vivian Maier : une incarnation chimiquement pure de l’Art pour l’Art…
Une Exposition à Nice jusqu’ au 16 Mars 2025
https://museephotographie.nice.fr/
POUR ALLER PLUS LOIN
Éditions des Musées Nationaux
DVD. Blaq Out un film de John Maloof et Charlie Siskell
Editions des MUsées Nationaux. catalogue de l’exposition